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Les médecins sont chaque jour un peu plus nombreux à s'opposer à l'installation d'une centrale à combiné gaz à Monchy-au-Bois, à quelques kilomètres au sud d'Arras.
Pas moins de quatre-vingt-deux médecins généralistes, spécialistes et hospitaliers de l'Arrageois ont rejoint les cinquante-cinq autres médecins déjà signataires d'un dossier argumenté, s'opposant à ce surplus de pollution dans l'air local. Cela fait du monde et le préfet, Pierre de Bousquet de Florian, recevra prochainement des représentants de ce mouvement de fond. « Je dois dire que la préfecture a déjà su nous écouter mais nous leur apporterons cette fois d'autres arguments », souligne le médecins des Vertes Vallées à l'origine de cette initiative.
Considérant ce projet comme « dangereux », il essayera de convaincre le représentant de l'État qu'il ne faudra pas en rajouter dans un secteur géographique déjà fortement impacté par la pollution atmosphérique. « Nous avons un des taux de mortalité les plus élevés de France (0,9 % de plus pour le Pas-de-Calais que pour la moyenne nationale). Nous risquons d'augmenter encore ce chiffre de 0,8 à 3 %.
Des chiffres incontestables ! Pour vous donner une idée, c'est l'équivalent d'une rue d'un de nos villages qui disparaîtra prématurément, soit onze à quarante-deux décès en dix ans. Des décès causés par des problèmes cardio-vasculaires auxquels s'ajoutent les autres phénomènes déjà connus (alcoolisme, mal bouffe...). Ce projet, c'est la patate chaude qu'on aimerait envoyer ailleurs ! »
Réseau de surveillance
Si la centrale devait voir le jour, le collectif de médecins a prévu de travailler en réseau pour que les pathologies nouvelles soient identifiées et que les malades puissent rechercher plus facilement les responsabilités. « C'est la concentration qui fait la toxicité ! Alpiq est bien dans la norme, mais en additionnant ces normes (pour l'oxyde de carbone, l'azote...) on est hors norme ! Alpiq dit que l'air que rejettera la cheminée sera plus propre que l'air ambiant. Les poussières seront effectivement filtrées, mais elles seront chauffées, devenant plus agressives ! Leurs arguments ne sont pas très fiables. De notre dossier remis au commissaire enquêteur, ils ont simplement contesté les chiffres d'hospitalisation. Nous ne cherchons pas à faire peur, mais à informer. On espère être entendu. Nous sommes des professionnels de la santé. Quand on a tiré la sonnette d'alarme sur la consommation d'eau dans les bouteilles plastiques il y a vingt ans, personne ne nous a prêté attention. Ce n'est qu'aujourd'hui que l'on constate les dégâts, sur les hommes en particulier, et les problèmes endocriniens causés par les particules de plastique reconnues par notre corps comme des oestrogènes ». Les médecins constatent, surtout dans la région, des pathologies rares qui se multiplient, comme en témoigne un spécialiste : « Aujourd'hui, je détecte un cancer tous les dix jours dans mon cabinet. Des tumeurs qu'on ne voyait pas avant, sur des patients de cinquante ans. Des tumeurs gingivales, du plancher de la bouche, des glandes salivaires, des leucémies... » Les médecins sont certains des effets de la pollution générée par la centrale, près du site, mais aussi sous les vents d'ouest dominants. Une pollution qui atteindrait le sud Arrageois et la communauté urbaine. Et si une usine plus polluante fermait, à terme, dans le secteur, cela atténuerait-il la pollution atmosphérique ? « Si une usine fermait dans la zone industrielle d'Arras, cela n'améliorerait pas la qualité de l'air à Monchy-au-Bois, précise notre médecin. La préfecture a su nous écouter.
Ainsi elle a chargé l'Agence régionale de la santé d'une nouvelle étude sur la qualité de l'air et l'influence de la centrale sur celle-ci. » •
N. André - Voix du nord 22/12/2010
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