jeudi 23 septembre 2010

NON A LA CENTRALE, notre réponse à la publication de la Communauté de Communes des Vertes Vallées d'août 2010


1) Un projet bâti sans les habitants !

Les élus porteurs du projet se sont contentés de faire, par voie de presse essentiellement, la promotion de la centrale (de ses apports financiers notamment) et de renvoyer les habitants aux informations commerciales et techniques disponibles à la Maison de l’Information de la société 3CA-ALPIQ.
Sur un projet de cette ampleur et, qui plus est, à échelle d’un petit territoire comme le nôtre, il est inadmissible qu’il n’y ait pas eu, de manière indépendante par rapport au groupe ALPIQ, de discussion publique ni de débat transparent avec les citoyens. Rappelons que l’unique réunion publique, que les élus se targuent aujourd’hui d’avoir organisée (le 10/10/09), ne l’a été que grâce à la constitution et la pression du collectif « Transparence pour la centrale » pour rappeler les exigences de la démocratie. Cette réunion a été l’occasion pour le groupe ALPIQ de présenter son projet, elle n’a pas répondu aux attentes légitimes des habitants à l’égard de leurs représentants.

2) Un projet dont la réalisation aurait un coût environnemental lourd

· Autant de CO2 rejeté par an que ce que dégageraient 15000 voitures circulant ensemble dans Monchy-au-Bois 24h sur 24 et 365 jours sur 365 !
· Des agents polluants (dioxydes de soufre, oxydes d’azote, monoxyde de carbone et poussières fines) facteurs d’affections respiratoires. Les histogrammes présentés par ALPIQ et la Communauté de Communes des Vertes vallées (publication du mois d’août, p.31) et censés évaluer l’influence de la centrale sur la présence de dioxydes de soufre ou d’oxydes d’azote dans l’atmosphère sont faussés. En effet ils prennent comme état initial (sans 3CA) non pas la situation atmosphérique de Monchy-au-Bois mais celle d’Arras, ville de 40 000 habitants !!!
· Un prélèvement en eau potable équivalent à la consommation annuelle d’un village de 500 habitants. Si, en situation normale, le SIDEP affirme pouvoir répondre à cette demande supplémentaire, l’eau n’en reste pas moins une ressource précieuse à préserver. Les interrogations demeurent par ailleurs dans l’hypothèse, plausible, d’une baisse du niveau de la nappe ou concernant le passage d’un fonctionnement de la centrale de 4000h à 6000h ou plus.
· Des terres agricoles perdues (ou fragilisées pour les terres environnantes) à l’heure où Etat et Chambre d’Agriculture du Pas-de-Calais signent une « charte d’engagement pour une gestion économe de l’espace agricole » (1)

3) Un projet qui répond aux intérêts financiers du groupe ALPIQ et non aux impératifs énergétiques

· Sur les impératifs énergétiques :

RTE, gestionnaire du réseau de transport de l’électricité, affirme, dans son analyse prévisionnelle (2), que la sécurité des approvisionnements nationaux est assurée jusqu’en 2013. Les dysfonctionnements récemment observés sont conjoncturels et devraient être résorbés, quant aux déficiences dans certaines régions comme la Provence ou la Bretagne (notre région à l’inverse est excédentaire) les solutions envisagées sont régionales et décentralisées (3).

Au-delà de 2013, et dans la perspective du déclassement d’un certain nombre de centrales thermiques classiques, les CCG seraient effectivement nécessaires mais :

1) Toutes les centrales à charbon ne seront pas fermées (contrairement à ce qui est affirmé dans la publication de la CCVV) et un parc charbon sera maintenu afin de garantir la diversité et la sécurité des approvisionnements
2) La PPI(3) envisage l’utilité, à l’horizon 2020, et en projection haute, d’ environ 20 tranches de CCG (avec fonctionnement moyen de 4500h) pour garantir l’équilibre entre l’offre et la demande. Or, à ce jour, 16 tranches de CCG sont déjà en fonctionnement, en construction ou autorisées et plus de 15 autres sont en projet dont celle de Monchy-au-Bois (placée en 27ème position) !
3) Les prévisions de la PPI, soulignons le, n’intègrent pas la nécessaire baisse de consommation affirmée pourtant comme un impératif, tant par le Grenelle de l’Environnement que par le Paquet Energie-Climat fixé par l’Union Européenne, et vers laquelle doivent tendre une grande partie des investissements en matière energétique. Elles n’intègrent pas non plus les progrès de l’interconnexion des marchés européens. Le nombre de CCG réellement utiles serait donc nettement inférieur aux estimations citées plus haut, à fortiori si on envisage un fonctionnement de 8000h !
4) A échelle de la région, la centrale projetée ne remplacera, de manière avérée, aucune centrale à charbon et d’autres CCG sont déjà en service ou en projet (ex. Pont-sur-Sambre, Blaringhem ou encore Hornaing )
5) Par ailleurs, en ce qui concerne la couverture des pics de consommation, la PPI elle-même souligne que le recours systématique au gaz n’est pas la meilleure solution du fait de la concomitance des appels de gaz par les CCG et les ménages en période de pointe.

Cette centrale ne présente donc aucun caractère indispensable sur le plan énergétique, sa concrétisation impliquerait par contre une forte consommation de gaz (ressource fossile en voie d’épuisement, de renchérissement et dont la sécurité des approvisionnements n’est pas garantie) ainsi qu’un surcroît d’émissions de GES responsables d’un réchauffement climatique dont nous mesurons chaque jour les effets à échelle de la planète.

· Sur les intérêts du groupe ALPIQ :

Ce projet répond avant tout aux intérêts financiers du groupe ALPIQ. Le marché de l’électricité a été récemment ouvert à la concurrence (lois de 2000 et 2004) et la « loi électrique» autorise l’installation de tout opérateur privé sur le territoire national, ce qui explique la multiplication, non maîtrisée à ce jour, des projets de CCG. Le groupe ALPIQ est un groupe qui déploie ses stratégies à échelle de l’Europe, ses clients sont de grands groupes industriels et sa position progresse sur le marché national et européen (rachat en juillet 2010 d’unités CCG en Espagne). La centrale de Monchy-au-Bois lui permettrait donc, avantageusement compte tenu du site, d’accroître ses parts de marché.

L’avenir de nos territoires ne doit pas être soumis aux stratégies financières globales de grands groupes comme ALPIQ. Il doit se construire dans la transparence et par le dialogue et les choix effectués en matière de développement doivent donner priorité à l’amélioration, à la garantie et à la durabilité de la qualité de vie des populations.
Les promesses financières (par ailleurs incertaines) qui, semble-t-il, ont fondé l’adhésion de nos représentants au projet, ne peuvent aucunement suffire à justifier la construction de cette centrale. Sa réalisation n'est pas d'intérêt public, elle serait par contre néfaste à la vie et la santé des habitants et irait à l'encontre, sur le plan environnemental, de tous les impératifs et de tous les engagements pris par l'Etat et la Région.

(1) « on demande à l’agriculture de produire plus et de mieux en mieux, il faut, en contre-partie, éviter le gaspillage du foncier », déclaration du Préfet du Pas-de-Calais, P. Bousquet de Florian, VDN du 21 avril 2010.
(2) Analyse prévisionnelle RTE, juillet 2010
(3) Programmation Pluriannuelle des Investissements de production d’électricité, période 2009-2020 (PPI)