mardi 2 mars 2010

Halte au développement anarchique des Centrales thermiques au gaz en France


Une étude de René MOMPER démontre, chiffres à l’appui, que la maitrise s’impose.

Les projets d’installation de centrales thermiques au gaz se multiplient dans l’hexagone, c’est une très mauvaise nouvelle pour le climat ! Ces centrales sont appelées Cycle Combiné Gaz (C.C.G.). L’actualité énergétique en France, cet hiver, était surtout braquée sur l’importation d’électricité du fait de l’arrêt de nombreuses tranches de centrales nucléaires. Il faut pourtant s’intéresser à un autre phénomène qui se prépare tout en douceur. La construction et les projets de C.C.G. et leurs conséquences.

Afin de remplacer les centrales thermiques au charbon à l’horizon 2015, il est fait appel à cette forme de production. Actuellement plus d’une vingtaine de C.C.G. sont en projets. Parmi ces projets 13 sont autorisées administrativement et sont en cours de procédure administrative. D’une puissance d’environ 450 Mégawatts par tranche cela représente donc 9 000 Mégawatts de production thermique.

Néanmoins, RTE (le gestionnaire du réseau de transport d’électricité) aurait précisé que les demandes de raccordement de C.C.G. représenteraient une puissance de 16 Gigawatts. Nous pouvons donc en déduire que d’autres études de C.C.G. sont en cours.

En étudiant les plans de Programmations Pluriannuelles d’Investissement (P.P.I.) électricité et gaz de 2006 et 2009, nous pouvons nous rendre compte d’une évolution non maîtrisée du nombre de C.C.G. en France.

- P.P.I. gaz 2006 :

« Au total, le PIP prend comme hypothèse de travail l’implantation de 6 nouveaux CCG sur la période 2009-2015 représentant une puissance électrique supplémentaire de 2 500MW, pour une durée de fonctionnement de 6 000 h, ce qui entraîne un surplus de consommation en gaz naturel de 23,8 TWh en 2010 et de 28,3 TWh en 2015. »

- P.P.I. gaz 2009 :

« A ce jour, 20 tranches de projets de CCCG ont été autorisées au titre de la loi 2000-108. Au total, plus de 40 projets ont été identifiés par les opérateurs de transport de gaz. Compte tenu de l’état d’avancement de ces différents projets, 10 ont atteint un stade d’irréversibilité, pour une mise en service d’ici 2012. A l’horizon 2020, si la PPI ne pointe pas de besoins spécifiques d’investissements eu égard aux objectifs de maîtrise de la demande énergétique d’une part, et de développement d’un parc décarboné d’autre part (ENR et nucléaire), elle n’interdit pas les projets des industriels. Pour notre exercice, nous retenons comme hypothèse une borne haute de 20 tranches de CCCG. »

- P.P.I. électricité 2006 :

« Il ressort des connaissances actuelles que des potentiels de stockage existent et que le potentiel de développement pourrait être du même ordre que les capacités de stockage actuelles. De plus, la flexibilité offerte par les stockages existants permet d’envisager des développements en quantité suffisante d’ ici 2015 pour la mise en service de plusieurs cycles combinés à gaz (CCG). »

« On peut donc envisager le positionnement de CCG à proximité de stockages de gaz naturel, ce qui facilitera leur utilisation en modulation. »

« Les travaux de la PPI ont toutefois permis de conclure que la mise en service de plusieurs CCG ne posait pas de problème en matière de sécurité d’approvisionnement. La question de la sécurité d’approvisionnement et de dépendance énergétique deviendrait plus prégnante en cas d’un développement de plus grande ampleur des CCG en France (ensemble du parc thermique, participation à la base…). »

- P.P.I. électricité 2009 :

« La PPI constate le grand nombre de projets de cycles combinés à gaz (CCG) (20 tranches ont été autorisées au titre de la "loi électrique" et une dizaine sont en construction), permettant de compenser le déclassement des plus anciennes centrales à charbon et de réduire les émissions atmosphériques associées. Au-delà des besoins pour l’équilibre offre-demande, la PPI ne fixe pas d’objectif de développement des CCG qui constitueront un moyen d’ajustement du parc de production et, suivant le principe de liberté d’établissement, la PPI préconise d’autoriser, au titre de la loi électrique, les projets des investisseurs, ce qui contribuera à la sécurité d’approvisionnement. »

En ne maîtrisant pas ce développement anarchique, nous allons au devant de gros problèmes : surproduction d’électricité thermique, pollution atmosphérique croissante, impossibilité de maîtriser les émissions de CO2, problèmes d’approvisionnement de gaz etc.

En conclusion

Que ce soit en respectant le Grenelle de l’environnement ou en augmentant la production de 1,3% par an d’ici 2020, en développant ou non la micro-cogénération, en incluant l’évolution du parc automobile français vers le « tout électrique » il suffirait :

- De 8 C.C.G. au maximum pour permettre de subvenir aux besoins de production d’électricité en semi-base (voire en « pointe »), en maîtrisant la diminution des quotas de CO2, en évitant des investissements trop lourds dans les infrastructures de Gaz, en réduisant les risques d’explosions (peu de C.C.G.) et surtout en évitant les émissions de milliers de tonnes de produits toxiques dans l’air et dans l’eau

- De développer les énergies renouvelables de 725 Mw par an dans les 40 années à venir.


- Lire l'article sur le site d'origine, cdurable.info, et télécharger l'étude complète de R. Momper.


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